La Papouasie-Nouvelle-Guinée, pays où l’on “brûle les sorcières”

En novembre 2017, des membres d’une mission chrétienne chilienne ont sauvé de la torture une fillette de 6 ans accusée de sorcellerie par les hommes de son village de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Cette pratique n’est pas unique dans ce petit État insulaire voisin de l’Indonésie. Ce sauvetage a rappelé à la communauté internationale que les exactions contre des prétendus praticiens de la magie noire ont toujours cours au 21ème siècle.

Tout le monde croit en la sorcellerie

La pratique des bûcher concernant des hommes mais ce sont surtout des femmes et des enfants qui sont accusés sur la simple base de soupçons de pratique de la sorcellerie. Cette situation est courante en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et dans de nombreux autres pays.

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, tout le monde croit aux sorcières, «même le Premier ministre», comme l’a cité Slate, Monica Paulus, une ancienne victime qui lutte aujourd’hui contre ce phénomène.

Cette dernière a expliqué que des policiers assistent parfois en civil aux meurtres, voire y participent. Il y a également des intellectuels persuadés que cette magie maléfique existe. Ainsi, en 2014, lors d’une conférence nationale organisée sur la sorcellerie, la moitié des doctorants qui assistaient à l’événement ont affirmé qu’elle existait, selon la militante des droits humains.

Faute d’un système judiciaire et d’une police efficace, capable d’arrêter les coupables, de faire cesser les injustices, désigner un bouc émissaire est la seule façon pour certains de régler leurs comptes, de se venger …

C’est le cas de cette jeune fille de 6 ans, torturée et lacérée au moyen de lames brûlantes durant 5 jours par les hommes de son village, qui l’ont arbitrairement jugée coupable de «sanguma», expression papoue désignant la pratique de la magie noire.

Cette affaire, médiatisée internationalement à la suite de la publication sur Internet de photos du dos ensanglanté de l’enfant, n’est pas la première, ni certianement la dernière.

En 2013, Kepari Leniata, une jeune femme de 20 ans, avait été brûlée vive en plein jour sur la place publique, après avoir été notamment pénétrée par les machettes de ses assaillants.  Elle était accusée d’avoir tué le fils de son voisin, alors que l’enfant était visiblement mort de d’une fièvre rhumatismale.

Abroger les lois

Le scandale causé par le meurtre de Leniata en 2013 avait poussé le gouvernement, sous pression de la communauté internationale, à adopter des mesures jugées indispensables pour endiguer les violences à l’encontre de personnes accusées de sorcellerie.

L’abrogation du Sorcery Act de 1971 déclarait la sorcellerie comme un crime et réduisait les peines de coupables d’exécutions extrajudiciaires à l’encontre de sorcières, et la réinstauration de la peine de mort pour certains coupables de telles exactions.

Le c est un programme visant à réduire la violence liée à la sorcellerie dans les communautés, a été mis en place par le gouvernement en juillet 2015. Malgré ce plan, les actes de torture et les meurtres n’ont pas diminué, en particulier dans les Highlands.

Les Nations Unies recensent plus de 200 exécutions liées à sorcellerie par an dans le pays. Selon le journaliste Ian Lloyd Neubauer, la hausse du nombre de personnes séropositives et diabétiques dans le pays, des maladies dont les conséquences sont considérées comme issues d’actes de sorcellerie.

Les victimes de ces violences sont en majorité des femmes, enfants, personnes âgées, handicapées, isolées, marginalisées, ce qui démontre la dimension genrée et sociale de ces actes de cruauté, dans l’un des pays les plus dangereux au monde pour les femmes. Entre 50 et 70% de femmes y sont victimes au moins une fois dans leur vie de viol ou d’agression.

L’organisation Human Rights Watch dénonçait dans un rapport publié en 2015 l’importance de la violence domestique en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et soulignait l’instrumentalisation des accusations de sorcellerie qui est faite par les hommes pour justifier les violences conjugales. D’après, Richard Eves, anthropologue australien de l’université de Canberra, il existe plus de 800 cultures différentes en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

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