L’exposition se fonde sur une centaine d’objets issus des fonds des musées, mais surtout de la collection de la SEREST, qui s’est formée au fil des études de terrains menées par Hugues Berton et Christelle Imbert.
La constitution de cette collection, essentiellement par don, est exceptionnelle, elle s’explique par une démarche scientifique bien particulière.
Hugues Berton et Christelle Imbert ont expliqué dans le dossier de presse de l’exposition « Histoire(s) de Sorcellerie(s) : lève le voile! ».
Les expositions ont permis de présenter de manière itinérante les travaux d’enquêtes et plusieurs centaines d’objets, dont bon nombre étaient encore en usage voici quelques années, et dont les anciens détenteurs ont accepté de parler dans la mesure où ils estimaient notre démarche compatible avec leur système de valeurs et de références.
Ces derniers se sont montrés particulièrement sensibles à une approche respectueuse, qui se veut à la fois participative, et ne remettant pas en cause leurs croyances, mais aussi axée sur la sauvegarde d’un patrimoine immatériel et sa survivance.
Il était donc nécessaire de rendre compte de la manière la plus fidèle et la plus neutre possible de leur représentation du monde, même si celle-ci dérange nos modes de pensée habituels, façonnés depuis la plus tendre enfance par une société axée sur le dualisme et le rationalisme.
Au-delà de l’aspect d’une simple superstition, il apparaît que les objets de croyances, qui sont à la fois matériels et psychiques, s’enracinent quant à leurs usages dans des traditions anciennes, des mythes et des légendes qui structurent la vie communautaire et marquent une quête de sens universelle.
Utilisés par ceux qui « savent y faire » pour guérir, pour bénir ou pour maudire, les objets de croyance sont revêtus d’un pouvoir agissant dans l’imaginaire individuel et collectif, créent des liens et permettent de dénouer des crises en vue de rétablir l’harmonie entre l’homme et la nature.
Leurs fonctions dépassent donc très largement le cadre qui leur est généralement imparti par les chercheurs qui ont tenté de les regrouper au titre de simples curiosités.
Les couleurs, les formes, les symboles, les rites ont une influence sur le comportement humain. Plus encore, ils agissent sur l’inconscient et ont une action opérante induisant une transformation progressive ou radicale de l’Être.
L’apparente humilité des objets « paysans », dès lors qu’ils sont sculptés de décors symboliques, ne saurait évacuer leur fonction principale : donner un sens aux angoisses que connaissent les humains face aux questions existentielles telles la souffrance, la maladie, la mort, et permettre de survivre dans les meilleures conditions possibles tant sur le plan matériel que spirituel.
La définition de la culture traditionnelle et populaire, donnée par l’UNESCO en 1989, nous a conforté dans notre démarche :
« La culture traditionnelle et populaire est l’ensemble des créations émanant d’une communauté culturelle fondées sur la tradition, exprimées par un groupe ou par des individus et reconnues comme répondant aux attentes de la communauté en tant qu’expression de l’identité culturelle et sociale de celle-ci, les normes et les valeurs se transmettant oralement, par imitation ou par d’autres manières. Ses formes comprennent, entre autres, la langue, la littérature, la musique, la danse, les jeux, la mythologie, les rites, les coutumes, l’artisanat, l’architecture et d’autres arts », ont expliqué Hugues Berton et Christelle Imbert.
Telle est notre approche. Nous sommes conscients de ses limites et imperfections. Mais il ne s’agit pas tant pour nous de collecter informations ou objets « rares », que de participer à la transmission et la continuation d’un héritage capital qui fait partie intégrante du patrimoine humain.
La prise en compte des trésors humains vivants que sont ces porteurs de connaissance, la somme de connaissances léguées par ces « Anciens« , représentent un patrimoine considérable pour les générations à venir, car nous savons qu’un monde qui a perdu ses racines n’a guère d’espoir de survie.
L’exposition se fonde sur une centaine d’objets issus des fonds des musées, mais surtout de la collection de la SEREST, qui s’est formée au fil des études de terrains menées par Hugues Berton et Christelle Imbert. La constitution de cette collection, essentiellement par don, est exceptionnelle ; elle s’explique par une démarche scientifique bien particulière.
Hugues Berton et Christelle Imbert