L’article « Divination et magie. Remarques sur les papyrus grecs de l’Égypte gréco-romaine » d’ Emilio Suárez de la Torre étudie plusieurs aspects des sortilèges divinatoires des papyrus magiques de l’Égypte romaine.
Dans un premier temps, il soutient que les limites entre la magie et la divination sont estompées, la divination étant une pratique magique comme les autres.
Ensuite, il analyse la complexité des éléments qui configurent ces sortilèges et recettes divinatoires, ainsi que la pratique magique en général : les prêtres et l’activité des temples, les risques d’un entourage hostile, la considération positive de ces prêtres pendant ces siècles en certains milieux, le nouveau profil des « prêtres-lecteurs » et les types de divination pratiqués.
Il ajoute quelques remarques à propos des particularités de deux textes complexes, la « Liturgie de Mithra » et la « Kosmopoiia de Leiden ».
Extrait :
Depuis l’époque hellénistique, la vie et la culture des Grecs sont soumises à des tensions multiples. Entre les divers traits qui contribuent à modifier profondément le profil social et culturel de cette époque, je voudrais souligner dans cet article le phénomène de l’interculturalisme ou, si l’on préfère, de la fusion d’éléments culturels.
En effet, depuis un certain temps, je me suis engagé dans une recherche qui a pour but de repérer les enjeux du processus de fusion culturelle (pour employer un mot « simple ») qui conduit à l’élaboration de ces extraordinaires documents connus comme ‘papyrus magiques grecs’, auxquels il faut ajouter évidemment les papyrus démotiques si on veut avoir un cadre complet des questions à analyser.
À quelques exceptions près, quand on aborde l’étude des papyrus magiques, on perçoit, me semble-t-il, une sorte de déformation de l’angle de vue selon que l’analyse est faite par un helléniste ou par un égyptologue : au risque de simplifier, on constate que ces textes sont considérés soit comme une sorte de dérivation de la magie grecque, soit comme un simple « maquillage » de la magie égyptienne, profitant de l’instrument de diffusion qu’est alors devenue la langue grecque.
Or, la situation est bien plus complexe. Je pense qu’il faut encore affiner nos analyses pour détecter les procédés qui ont permis d’arriver à la production de ces documents exceptionnels.
C’est donc dans cette perspective et ce but que s’inscrivent les remarques qui suivent.
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