Pierre de Rosteguy de Lancre ou Delancre est né à Bordeaux en 1553, il décède en 1630. Il a été le magistrat qui emprisonna un bon nombre de personnes accusées de sortilèges.
Ce métier lui fut révélé lorsqu’il assista à des exorcismes en Italie qui le confortèrent dans son idée que les démons et les sorciers existaient.
Saisi par les habitants du Labourd, le roi décide le 10 décembre 1608 d’envoyer une lettre au parlement de Bordeaux désignant le conseiller Pierre de Rosteguy de Lancre comme juge à Béarn.

Le 18 février 1609, le roi Henri IV émet une lettre de jussion. Il s’agit d’une lettre patente du roi qui conduit le Parlement à enregistrer une ordonnance ou un édit royal.
Le parlement enregistre le 5 juin 1609, la lettre de jussion et la lettre modifiant la composition de la Commission Royale en nommant deux commissaires : Jean d’Espagnet et Pierre de Rosteguy de Lancre, tous deux conseillers au Conseil d’État et présidents du Parlement de Bourdeaux.
Cette commission devait « purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l’emprise des démons ». Ainsi que faire la lumière sur les actes des réfugiés juifs et mauresques expulsés d’Espagne et du Portugal de Saint-Jean-de-Luz. Il s’agissait aussi d’enquêter sur les mœurs - réputées libres - des femmes de marins en l’absence de leurs maris, et sur les comportements des guérisseuses et cartomanciennes.
Le roi fixe la fin de sa mission au 1er novembre 1609, alors que la mission débuta le 2 juillet 1609 à Bayonne. Rapidement, DeLancre se retrouve seul, le roi envoie Jean d’Espagnet régler un différend entre pêcheurs français et espagnols.
La mission correspond à un épisode marquant de la Chasse aux sorcières, accentuée par les rumeurs, puis la légende.
Un dénommé Reuss, dans un ouvrage sur la Sorcellerie publié en 1872, évoque la torture et l’exécution de près de 600 personnes, parmi lesquelles des femmes, des enfants, et aussi des prêtres.
Dans les faits, la réalité est différence. Des études publiées dans la Revue du Musée de Bayonne, lors de la grande exposition de 1938 sur la Sorcellerie, ramenèrent ces chiffres entre 60 et 80 exécutions, avec l’audition de 400 à 500 témoins.
La commission, contrairement à ce qu’affirme la légende, dura seulement 4 mois. Fin septembre 1609, les marins revinrent de Terre-Neuve et s’opposèrent violemment à certaines exécutions. La plus grande émeute eut lieu lors de l’exécution de Marie Bonne.
Des sorcières du Labourd furent emprisonnées au fort du Hâ jusqu’en 1610 en provenance de nombreuses paroisses et de villes, dont Dax. En 1613, il y en avait encore qui attendaient d’être jugées par le parlement de Bordeaux.
DeLancre est connu pour une observation, faite durant sa mission, sur les bains de mer de Biarritz. Il juge contraire à la morale « ce mélange de grandes filles et de jeunes pêcheurs qu’on voit à la côte en mandille, et tout nus en dessous, se pêle-mêlant dans les ondes […]« .

DeLancre écrivit un livre de 200 pages sur « l’incrédulité et mécréances du sortilège pleinement convaincues » pour le roi Louis XIII, à Paris.
Composé de dix traités parlant :
- de la véracité des récits et dires sur les sorciers
- de l’action des sorciers qui n’exercent qu’au moyen du Diable
- de « l’attouchement », il dit que le toucher est un acte plus fort que le regard perçant des sorciers
- de la « scopélisme » est une explication sur la facilité de devenir sorcier
- des divinations,
- des ligatures,
- des apparitions
- Juifs, des apostats et des athées
- et 10. la colère de DeLancre contre les hérétiques et sur les incrédulités et les mécréances.
A ce livre, il ajoute un « Arrêts notables contre les sorciers ».

C’est dans son « Tableau de l’inconstance des mauvais anges et démons », qu’il parle le plus des sorciers et de leurs liens avec les démons.
Il y explique toutes les procédures établies par les inquisiteurs d’Espagne et de Navarre contre des magiciens, apostats, Juifs et sorciers.
Cet ouvrage est riche d’informations et comporte six livres contenant :
- trois discours sur l’inconstance des démons, la tendance des femmes à exercer la sorcellerie et le nombre important de sorciers
- cinq discours sur le sabbat
- cinq discours sur des sabbats, des pactes démoniaques
- quatre discours sur les loups garous
- trois discours sur les superstitions et les apparitions
- cinq discours sur les prêtres sorciers
En 1612, il devient conseiller du roi, membre du Conseil d’État. Il meurt en 1631. DeLancre était poète, un esthète fasciné par les sorcières. Il faisait danser les femmes nues, afin d’étudier leurs Danses Infernales, il fit de riches descriptions du sabbat.
Une réflexion sur “Delancre, magistrat et fervent inquisiteur”